Quel nom lui donner. Truth Bud ? Il ne s'agit pourtant pas de son nom véritable. Mieux vaut alors le nommer Tsuru, un mot lui rappelant ses origines les plus vieilles. Il est difficile de décrire l'esprit de cet homme dont l'existence n'est plus qu'un fragile fil dans l'univers. L'aspect qu'il révèle diffère selon ceux qui lui font face. L'inconnu qui le croise ne le voit pas. Cependant, si cela devait arriver, il découvrirait un homme élégant et doux, une licorne aux yeux aveugle qui garde la tête levée. Aucune timidité, mais aucune sociabilité pour autant. Il parle sans chercher à connaître, son attention n'est attiré que par ceux qui ont besoin de lui ou qui côtoient l'étrange.

Le client ne désire pas le rencontrer, mais il arrive devant lui d'une manière ou d'une autre. Irrésistiblement attiré par sa boutique, tombant devant lui sans qu'aucun obstacle ne se soit trouvé là. Celui qui le voit car un souhait erre dans sa tête, découvre un homme plein de prestance et d’envoûtement, un sorcier inoubliable entouré de mystère. On pourrait penser rêver, mais sa voix délicate fait toujours ressortir de ses pensées le client qui l'imagine inatteignable. Seulement, ses mots ne deviennent pas un poison qu'on croit sur parole. Les doutes assaillent et nombreux sont ceux qui ne l'écouteront pas, les menant droit à leur perte. Car ceux qui viennent ne sont pas des gens anodins. Les clients ne sont que rarement ceux ayant des rêves enfantins et réalisables. La plupart de ceux qui sont attirés à lui, le sont car ils auront besoin de son aide.

En revanche, ses domestiques ont une vision bien différente de Tsuru. Une licorne qui se prélasse dans les divans avec un verre d'alcool au sabot, un étalon geignant pour qu'on lui prépare le plus succulent des soupers. Il se montre têtu, profiteur et agaçant car jamais il ne parle avec facilité. Ses déclarations sont des énigmes qui torturent l'esprit et seules ses envies sont témoignées de manière claire et précises. Il est un marchand honnête, mais pour qui rien n'est gratuit, pas même pour ses proches. Chaque service mérite compensation, sans exception. Néanmoins, ses défauts bien qu'importants, ne sont pas la seule composition de son caractère. La licorne est d'un naturel protecteur. Jamais il ne s'énerve, ce n'est pourtant pas impossible. Il connait la valeur des choses et des gens et jamais ne profite d'une situation désespérée.

Hélas, aucune description quant à sa famille ou ses amis n'est disponible. Tsuru n'a pas de famille. Tsuru n'a pas d'amis. Il a abandonné ces liens éternels en même temps que la vue, lorsqu'il accepta de voir le monde tel quel en lui empruntant une partie de sa magie. Il semblerait alors qu'il soit impossible pour lui de créer une relation profonde, mais seul un sorcier saurait dire pourquoi.

Talent : Il sait analyser n'importe qui de manière objective et comprend parfaitement la psychologie.

En tant que sorcier, il a accès à d'autres compétences directement liées au surnaturel. C'est ainsi qu'il peut remplir sa fonction de faiseur de vœux.

Tout en grâce, ses mouvements sont fluides et élégants. Lorsqu'on découvre celui que l'on nomme Tsuru, il est impossible de rester indifférent. Certains le trouveront étrangement séduisant tandis que d'autres, ressentiront un profond rejet pour sa personne. Un sentiment inexplicable, mais bel et bien réel. Jamais on ne le voit se dépêcher, jamais on ne le voit galoper. Pourtant, comment expliquer la rapidité avec laquelle il s'est déplacé pendant que vous ne le regardiez pas.

Ses iris gris tirant vers le cyan sont orné en leur centre d'une pupille hors du commun. Dans les bleu tirant vers le blanc, l'atypique de ses yeux ont pour conséquence une cécité totale. Toutefois, jamais il n'entre en collision avec un élément du décor, comme si la vision ne lui avait jamais fait défaut. L'étalon est habile et sait se repérer dans l'espace grâce à tout un panel d'informations auxquels n'ont pas accès les mortels.

Ses courbes sont cachées sous d'épais vêtements aussi originaux que sa personne. Appréciant particulièrement les tenues traditionnelles d'asie, il se pare des plus beaux tissus pour son travail. Néanmoins lorsqu'il sort, ses vêtements deviennent plus anodins sans pour autant tomber dans la banalité affligeante. Lorsqu'il se mouve parmi la foule, la particularité de son attirance semble disparaître, le faisant disparaître dans le paysage comme s'il n'avait jamais été parmi les vivants. Il faudra alors attendre que son attention soit posée sur une âme ou qu'il lui adresse la parole pour qu'il le remarque. Au contraire, les animaux pour leur part sentent sa présence, mais jamais ne témoignent d'hostilité... Car ils se contentent de l'observer comme ils regarderaient une chose dépourvue de vie.

Telle une ombre, il passe inaperçu devant les lecteurs de puce quand bien même il n'a plus la sienne. Les appareils de surveillance se brouillent lorsqu'il passe devant et jamais on ne garde de trace de sa présence. Seul reste les souvenirs. Il semblerait qu'il n'y ai que les polaroids qui parviennent à sauvegarder son image. Malgré son vieillissement, son apparence n'évolue plus, bloquée à l'image de ses vingt huit ans.

La cutie mark sur son flanc représente le sorcier qu'il est, un sorcier frontière. La frontière entre toutes les différences, car il voit et comprend, mais ne peut représenter un élément.

Les enfants peuvent dire comment est leur famille. Ils peuvent dire le nombre de frères et sœurs qu'ils ont, les habitudes de leurs parents et ce qu'ils ont mangé la veille. Ce n'est pourtant pas le cas de celui qu'on nommera Tsuru. Tsuru se réveilla un matin sans savoir qui il était. De sa fenêtre, il pouvait voir la mer et les mouettes qui volaient au dessus de sa maisonnette. Dans cette bicoque, une jument buvait un thé à la mixture douteuse, mais aucun de ses traits n'était semblable à ceux de l'enfant. Il ne ressentit aucune peur en faisant face au néant de sa mémoire, rien ne semblait être anormal. Sa tutrice non plus ne trouvait pas ça étrange, bien que surprise de voir qu'il ne se souvenait pas de la vie à deux qu'ils menaient depuis deux ans déjà. C'est ainsi que fut le jour de sa renaissance, une renaissance le jour de son neuvième anniversaire.

Comme n'importe quel enfant, il allait à l'école. La maisonnette où il vivait était loin de la ville. Tous les matins, il devait se lever deux heures avant les autres gamins de son âge pour se préparer et attendre le bus scolaire jusqu'à son école. Là-bas, tout le monde l'appelait Truth Bud, mais chez lui, la pégase l'appelait Genesis. A chaque fois qu'elle prononçait ce nom, il se souvenait de son nom en entier. Il ne s'appelait ni Truth Bud, ni Genesis, mais Crane's Genesis. Il s'agissait là du secret qu'il chérissait le plus car, sans savoir pourquoi, il savait qu'il ne devait donner l’entièreté de son nom à quelqu'un. Même sans souvenir de ses parents, il ressentait une profonde peine de ne pas pouvoir remémorer leur visage, il s'accrochait alors à cette promesse fugace comme si ce secret serait ce qui les lieraient à jamais.

Tsuru était un enfant étrange. Il aimait sourire, rire et s'amuser, mais pourtant s'isoler volontairement pour se plonger dans des histoires sans queue ni tête. Pour son âge, il était déjà doté d'une maturité exceptionnelle et d'une compréhension du monde qui épatait certains adultes, tout comme d'autres en était agacés. Mais comme n'importe quel enfant, son quotidien était animé de bêtises et d'excitation, laissant de côté le talent inné qui dormait en lui. Et ce fut durant sa première année de collège que sa cutie mark apparut, lorsqu'il découvrit sa passion pour la psychologie, mais surtout l'incroyable faculté de séparer ses sentiments de son objectivité pour analyser n'importe qui face à lui. Ce jour-là, il fut plus fier que n'importe qui de dévoiler à sa tutrice sa cutie mark, un yin bleu et un yang brun.

Une marque qui aujourd'hui, n'existe plus.

Sa scolarité se déroula sans encombre, mais plus il grandissait, plus il lui était difficile de tisser des liens avec autrui. Son insouciance avait laissé place à l'observation, lui permettant de réaliser toutes les injustices du monde et la cruauté des poneys. Peu à peu, il ne fut plus capable de garder contact avec ceux qu'il jugeait sans empathie ou trop nombriliste. Lorsque sa majorité fut atteinte, il quitta le doux foyer qu'il avait toujours connu et s'engagea dans la vie active de Baltimare. Cependant, il ne parvenait à trouver ce qu'il cherchait. Plus le temps passait, plus il ressentait le besoin de comprendre le monde qui l'entourait et tout ses secrets. Il était avide de connaissance, désirant tout connaître des mystères de la vie et des gens. Et ce fut à Baltimare qu'il fit la rencontre d'une sorcière.

Ce qui se passa par la suite, sont des choses qui ne pourraient être écrites. Le hasard n'est pas de ce monde, mais seuls ceux qui savent ce qui se cache au delà de la connaissance mortelle peuvent réaliser l'étendue de l'univers. Pour voir ce qu'il ne pouvait voir et comprendre, il échangea ses yeux, mettant un terme à sa faculté de voir comme n'importe qui. Il échangea ce qui faisait qu'il était un poney comme les autres, comprenant seulement une fois le pacte passé, tout ce qu'il avait abandonné. Les premiers temps furent compliqués, car il n'était prêt à affronter toutes ces choses. On ne choisissait pas un sorcier sans préparation, pourtant, c'est ce qui s'était passé.

Mais il apprit à passer au dessus des sacrifices lorsqu'il réalisa une seconde fois, tout ce que cela signifiait. Ce qu'il avait perdu était moindre par rapport à ce qu'il gagnait, par rapport à ce qu'il pouvait changer et voir. Lorsqu'il atteignit l'âge de vingt-huit ans, il abandonna sa vie à Baltimare et rejoignit New Polis pour y établir son magasin et son foyer. Cette même année, l’horloge biologique de son apparence cessa d'évoluer.

Cela fait maintenant neuf ans qu'il vit à New Polis dans le quartier Nocturnal, ayant trouvé refuge dans un coin éclairé du quartier. Sa maison servant aussi de boutique ressemble à un charmant pavillon de campagne sur deux étages et d'une taille plutôt raisonnable. Autour du bâtiment, de hautes clôtures de bois entoure le jardin continuellement fleurit même en hiver. Tsuru trouva sa voie comme son prédécesseur dans la réalisation des souhaits d'autrui, ensorcelant le pavillon afin que ceux dans le besoin y soient irrésistiblement attiré au point que leurs jambes les y conduisent tout seul... Mais aussi pour que ceux aux intentions mauvaises ne puissent y pénétrer.